• Dans les livres : LE CULTE DE LA PERSONNALITE

     

    Ce culte débute dès décembre 1929, quand on célèbre le cinquantième anniversaire de Staline avec une pompe alors inusitée. Il s’établit avec les années 1930, après la défaite des oppositions de gauche et de droite, quand Staline, ayant évincé ses adversaires, n’est plus entouré que de comparses.

    Dans les livres  :  LE CULTE DE LA PERSONNALITE

    Vous avez dit culte de la personnalité. Retour sur un concept beaucoup plus actuel qu'il n'en parait. Plus stylé, moins tape à l'oeil mais il fait dire aujourd'hui à Wade qu'après lui c'est le chaos, à gbagbo que sans lui c'est 20 ans de guerre civile...

     

    Roger-Gérard Schwartzenber, L’Etat spectacle, Essai sur et contre le star system en politique, Flammarion, 1977, p. 32-43

    Dans les livres  :  LE CULTE DE LA PERSONNALITE

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    Staline encourage personnellement ce torrent d’éloges, qui ne tarit pas jusqu’à sa mort en 1953. Roy Medvedev le décrit orchestrant ce concert de louanges, stimulant ses panégyristes, acceptant les hommages les plus excessifs.   

    Cette propagande provoque le délire collectif de tout le pays, de tout le mouvement communiste international. Même les condamnés à mort chantent la gloire de Staline. Avant d’être abattu, Kamenev déclare : « J’adjure mes fils d’employer leurs vies à défendre le grand Staline. » Peu de temps avant d’être assassiné, Kirov, alors qu’il s’oppose à Staline, l’appelle « le plus grand homme de tous les temps et de tous les peuples. »

     La vénération parvient à son apogée après les grandes purges de 1936 à 1938. « A compter de 1938, observe Ilya Ehrenbourg, il est beaucoup plus juste d’utiliser le mot « culte » au sens religieux d’origine. Dans l’esprit de millions d’êtres, Staline fût transformé en demi-dieu mythique. »

     

    Il se change en iode encensée. En dieu terrestre, qui suscite adoration et crainte révérencielle. Le culte de la personnalité devient une étrange variété laïque de conscience religieuse dans une société socialiste. Décrivant cette « déification de Staline », Medvedev note : « Comme tous les cultes, celui-ci tendait à transformer le Parti Communiste en une organisation ecclésiastique, avec une distinction bien nette entre les ouailles et les grands prêtres sous la houlette de leur pape infaillible… De même que les croyants attribuent à Dieu toutes les qualités…, ainsi trouvait-on en Staline toutes les vertus. »

     Le fétiche suprême exerce un véritable envoûtement. Chacun y est à sa dévotion. Chacun chante sa gloire, en fidèle serviteur du culte nouveau. Une Chanson de Staline dit sa grandeur surhumaine :

     « Staline tu es plus haut

    Que les espaces célestes

    Et seules tes pensées

    Sont plus hautes que toi.

    Le soleil est plus lumineux

    Que les étoiles et la lune

    Mais ton esprit, Staline,

    Est plus lumineux que le soleil. »

     

    Un autre poème célèbre son génie incomparable :

     « Les étoiles de l’aube obéissent à ta volonté,

     Ton incomparable génie monte jusqu’aux cieux,

     Ta pénétration sonde les profondeurs de l’Océan. »

     

    Il est le sage universel, il est Dieu :

     « O toi, Staline, grand chef des peuples,

     Toi qui fis naitre l’homme,

     Toi qui fécondes la terre,

     Toi qui rajeunis les siècles,

     Toi qui tresses le printemps,

     Toi qui fais chanter la lyre…

     Toi qui es la fleur de mon printemps,

     Un soleil reflété par des milliers

     De cœurs humains… »

     

    Alexandre Prokofiev affirme : « Staline… et je n’ajoute rien… Tout est inclus dans ce nom tellement immense. Tout : le parti, la patrie, la vie, l’amour, l’immortalité, tout. »

     

    Même Paul Eluard prend place dans ce chœur :

     « Et Staline pour nous est présent pour demain

     Et Staline dissipe aujourd’hui le malheur

     La confiance est le fruit de son cerveau d’amour

     La grappe est raisonnable tant elle est parfaite…

     Car la vie et les hommes ont élu Staline

     Pour figurer sur la terre leur espoir sans borne. »

     « »

     

    Après avoir décapité les têtes couronnées, les nouveaux maitres ressuscitent le culte de l’homme-dieu. Sur les traces de Staline, la voie est toute tracée.

     En Chine, Mao Tsé-toung devient rapidement « le grand commandant suprême », « le grand timonier », voire « l’empereur Tsin ». Partout les bustes, statues, tableaux et portraits se multiplient. Et Mao, incarnation d’une humanité sublimée, devient un dieu vivant, adoré par 900 millions de fidèles : « Naviguer sur les océans dépend du grand timonier. »

     En Corée du Nord, le maréchal-président Kim Il Sung est « le leader respecté et bien-aimé », « le soleil de la nation », « l’homme qui guide l’Asie et le monde. » excusez du peu.

     Au Ghana, dans les années 49-50, avant l’indépendance en 1957, Kwame Nkrumah « a été virtuellement déifié par le peuple qui lui accorde la vertu et l’immanence universelles d’un esprit ancestral. » Le journal de son parti, l’Accra Evening News l’appelle : « le plus grand Africain de notre génération », « Katamento » (celui qui ne parjure jamais), « Oyea Dieyie » (le rénovateur de toutes choses), « Osagyefo » (le faiseur de victoire), « Kodokurni » (le brave guerrier), « Kasaprepo » (celui qui parle pour tous), le « Rédempteur » et le « Messie ».

     Au Zaïre, Joseph Désiré Mobutu, fils d’un cuisinier des missionnaires catholiques, devient Mobutu Sese Seko Kuku Ngwendu wa Zabanga (le coq qui chante victoire, le guerrier qui va de conquête en conquête sans qu’on puisse l’arrêter.) le Créateur, le Bâtisseur, le Guide de la révolution, le Père de la nation zaïroise, « Notre Salut. »

     « Plus le mobutisme se développe, plus les rapports se dégradent avec l’Eglise catholique. En décembre 1974, Noël cesse d’être un jour chômé. Le gouvernement fait enlever les crucifix des écoles chrétiennes –nationalisées- et des hôpitaux religieux. L’enseignement du christianisme est interdit dans toutes les écoles. A la place, on enseigne le mobutisme. La radio, qui parlait de Mobutu comme du « guide » et du « père de la nation », le désigne maintenant comme « messie » et attaque le Christ, ce « prophète juif révolté »...

    Agnimou

     André Ahua

     


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